IPSA AFRIQUE

L’Arabie Saoudite, médiatrice de la paix ou opportuniste dans la guerre entre Israël et le Hamas

Par Céline TABOU

L’Arabie Saoudite est devenue au cours des années très présente sur la scène internationale, en raison de sa nouvelle directive politique, intitulée «Vision 2030». En effet, le Royaume s’est lancé dans une transformation économique, sociale, environnementale et politique, menée par le prince héritier, Mohammed ben Salmane (dit MBS), afin de dynamiser sa croissance et de s’engager dans les énergies propres.

Outre ses relations de plus en plus tendues avec les Etats-Unis[1] et son rapprochement avec la Chine[2] et la Russie, l’Arabie Saoudite a désormais des prises de position diplomatiques indépendantes de celles des Américains, mais surtout Riyad veut devenir un médiateur de la paix, dans sa région et dans le monde.

Preuve en est, le pays a organisé une conférence à Djeddah les 5 et 6 août 2023 afin d’évoquer un futur plan de paix entre l’Ukraine et la Russie, en présence d’une quarantaine de pays, hormis la Russie. Pour Ali Shihabi, analyste saoudien proche du pouvoir, cette conférence de Djeddah pour la paix en Ukraine « illustre parfaitement le succès de cette stratégie multipolaire » menée par Riayd. La nouvelle diplomatie de MBS permet au pays de renforcer son influence internationale. D’ailleurs, Riyad a participé aux pourparlers sur le Soudan, en plein conflit depuis mi-avril 2023. A cela s’ajoute des relations moins tendues avec ses rivaux, tels que le Qatar, la Turquie et même l’Iran et la Syrie. Outre sa volonté d’apparaître comme une « puissance moyenne mondiale », l’Arabie Saoudite tient à « faire oublier certains de ses échecs passés, comme son intervention au Yémen ou l’assassinat (en 2018) de Jamal Khashoggi », journaliste critique saoudien, a indiqué Joost Hiltermann, responsable du Moyen-Orient à l’ONG spécialiste International Crisis Group.

Toutefois, Riyad doit aussi faire face à des réalités locales, comme la guerre entre Israël et le Hamas. Autrefois défenseur acharné de la cause palestinienne, l’Arabie Saoudite navigue désormais entre deux courants. D’un côté, le gouvernement saoudien soutient les Palestiniens, en condamnant la riposte israélienne à Gaza et appelant à un cessez-le-feu. De l’autre, il reste mesuré dans ses propos vis-à-vis d’Israël et tente de préserver certains liens « notamment sur le plan militaire, sur le plan de l’échange de renseignements, parce qu’ils considèrent avant tout que leurs intérêts stratégiques, biens compris, c’est de s’allier avec Israël sur le plan régional », a expliqué David Khalfa, codirecteur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean-Jaurès.

En effet, Ryad avait amorcé une normalisation des échanges avec Israël, qui devait aboutir à un accord à la fin de l’année 2023. Toutefois, le 20 septembre 2023, le prince héritier Mohammed ben Salmane avait indiqué dans une interview à Fox News, que « la question palestinienne est très importante. Nous devons la résoudre», ajoutant «nous espérons qu’elles (les discussions) aboutiront à un résultat qui facilitera la vie des Palestiniens et qui permettra à Israël de jouer un rôle au Moyen-Orient ». L’Arabie Saoudite souhaitait ainsi être un médiateur de la paix entre la Palestine et Israël, ce qui permettrait de stabiliser la région et de l’intégrer dans un contexte international plus vaste.

Face à l’évolution de la situation, nous nous sommes demandés pour quelles raisons l’Arabie Saoudite a-t-elle une position ambivalente dans la guerre actuelle entre Israël et la Palestine, et notamment pourquoi prépare-t-elle l’après guerre ?

En effet, depuis plusieurs années, le Royaume travaille à un

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