Par Papa Niass,
Le Sénégal est connu sur la scène internationale par sa stabilité politique et sécuritaire remarquable, ce qui lui vaut l’appellation d’exception africaine. Cette quiétude est le résultat d’efforts concertés par l’engagement de tous les acteurs pour ancrer la paix et la cohésion sociale, à travers des plateformes d’échange et de dialogue en dépit des diversités culturelles et des religions. Ces dernières années le Sénégal a connu des tensions politiques aboutissant à des pertes humaines notamment en 2011 et la période 2021 à 2023. Cependant l’existence d’un dialogue constructif entre les acteurs sociaux a été une solution palliative contre les tensions. Pour asseoir cette cohésion nationale avec des résultats escomptés, le dialogue entre acteurs sociaux reste et demeure un vecteur clé au Sénégal.
D’où la pertinence de cette étude relative au « renforcement de la cohésion sociale au Sénégal par le dialogue : l’Etat, les politiques et la population »
La cohésion nationale peut être définit comme la capacité d’une société ou d’un pays a assuré le bien-être de tous ses membres, à minimiser les disparités et à éviter les polarisations[1]. Ainsi un pays cohésif est un pays solidaire composer d’individus libres poursuivant des buts communs par des voies démocratiques. En autres termes, la cohésion sociale est un ensemble de processus social qui contribue à assurer à tous les individus l’égalité de chance afin de permettre à chacun de participer activement à la société et de développer leur sentiment d’appartenance à cette société. Cette cohésion repose au Sénégal sur des principes fondamentaux tels que la tolérance religieuse, la diversité culturelle, la solidarité et l’acceptation d’autrui, le dialogue et la paix sociale.
En effet l’Etat, les partis politiques et la population sont tous responsables de la cohésion nationale car l’interaction entre ces acteurs reste un moyen incontournable pour parvenir à l’unité nationale.
Dès lors la question qui se pose est de savoir quels sont les apports du dialogue entre acteurs sociaux dans le renforcement de la cohésion nationale au Sénégal ?
Une telle question revêt une importance en ce qu’elle permet de comprendre les enjeux du dialogue qui permet de renforce le pacte de la stabilité lorsque réunissent les représentants de partis politiques de la société civile, des autorités coutumières et de l’Etat. Toutefois les entraves aux dialogues méritent d’être soulignée pour une meilleure prise en charge.
Compte tenu de ces considérations il s’agira d’exposer l’impact du dialogue dans la cohésion nationale du Sénégal (I) avant d’analyser les défis de ce dialogue des acteurs sociaux dans le renforcement de la cohésion sociale (II)
I. L’impact du dialogue des acteurs sociaux dans le renforcement de la cohésion sociale au Sénégal
Le dialogue est une opportunité de réduire les tensions et d’impliquer les citoyens à la gestation collective du Sénégal.
Le dialogue, un moyen d’apaisement du climat social
Le dialogue constructif entre l’Etat et sa population favorise la compréhension mutuelle et réduit des malentendus et les tensions. Ce qui est crucial dans la consolidation de la nation. En effet, la question du dialogue national est toujours pertinente car le Sénégal se situe dans un contexte géopolitique ou il est entouré d’une ceinture de pays instables sur le plan politique et sécuritaire et la découverte du gaz et du pétrole qui sont source de plusieurs polémiques.
Le Sénégal a connu entre 2021 et 2023 une crise socio-politique, accompagnée par des discours haineux et d’actes de violence, ces situations ont mis la nécessite de recréer les liens entre générations souvent éloignes par des incompréhensions.
C’est pourquoi d’ailleurs le président Macky SALL avait en mai 2023 initié un dialogue national qui s’était tenu à Dakar dans un contexte de tension politique. Cette initiative visait à instaurer une nouvelle ère économique, sociale pour un Sénégal prospère, ancré dans la paix et la cohésion sociale. Cette rencontre nationale et intergénérationnelle qui avait vu la participation des représentants des acteurs politiques, sociales, culturelles, religieux et coutumiers, avait permis d’échanger et de bâtir des consensus durable sur les questions majeures relatives à la stabilité du pays[2]. Selon l’ancien président du Sénégal Macky Sall, ce dialogue avait abouti à une mise à jour et une modernisation du statut des partis politiques, et d’éliminer les incertitudes sur le calendrier électoral et de prendre en charge les urgences concernant la santé publique, éducation et la sécurité.
En outre, ce dialogue est généralement utilisé par les Chefs religieux pour rappeler aux partis politiques à la culture de la paix à chaque fois que le Sénégal sombre dans des difficultés. Et la médiation de ces acteurs porte toujours ces fruits. On peut dire tel est l’atout majeur du Sénégal par rapport aux pays limitrophes. Le dialogue n’est pas donc un terme nouveau au Sénégal. Il constitue le soubassement de la cohésion nationale du pays.
Le dialogue, une technique d’implication de la population dans les politiques de l’Etat
Les acteurs de la société ont tous un rôle à jouer dans la cohésion nationale. En effet, le dialogue entre ces acteurs est une occasion pour créer des synergies et d’intensifier les efforts pour promouvoir la cohésion et de prévenir les conflits. Car il permet les parties prenantes d’exprimer pacifiquement leurs idées et leurs points de vue et de se sentir concerner au bien-être collectif. Le dialogue donne l’opportunité aux différentes organisations de la société civile qui interviennent dans le pays de présenter les activités qu’elles y mènent notamment la promotion de la paix, de la prévention de conflits et de renforcement de la cohésion sociale. De plus le fait d’inclure les jeunes et les femmes dans ces dialogues encouragent ceux-ci à participer activement dans les initiatives communautaires et des programmes pour renforcer les sentiments d’appartenance et de responsabilités. Sur ce l’Etat a, de par ses politiques, un rôle important à jouer en mettant en place des espaces favorables à ces dialogues. Il est apparu que le dialogue ouvert et sincère entre les jeunes et les anciens, est une condition incontournable pour surmonter les incompréhensions et les tensions générationnelles favorisant ainsi une collaboration harmonieuse et des actions communs pour le développement de la société. Force est d’admettre que l’implication des couches sociales au dialogue constitue un facteur de développement.
Conscient de cette nécessite, l’Etat du Sénégal, de par ses politiques a su donner une forme à la cohésion nationale et d’en faire une affaire de tous. Une telle démarche est symbolique car elle ancre d’une part le politique au service de la réussite nationale et d’autre part elle confirme sa capacité à se hisser au-dessus des polarités et de faire bloc pour la nation qu’il est appelé à servir. Cette cohésion qu’induite les initiatives politiques se ressent à travers les différents pans du pays permettant un sursaut d’appartenance nationale sur toutes les contrées du pays pour assurer le développement du pays[3] .
Le dialogue dans un pays comme le Sénégal marqué par les inégalités, peut-être une alternative pour l’ascension sociale. Toutefois, force est de reconnaitre certains défis auxquels le dialogue national fait face au Sénégal. Ce qui peut constituer un frein au renforcement de la cohésion sociale.
II. Les défis pour le renforcement de la cohésion nationale au Sénégal
Parmi les défis, on peut citer le problème de fréquence de ces dialogues et l’équité sociale qu’il convient d’élucider.
Le problème de récurrence des dialogues nationaux entre les acteurs sociaux
Si le dialogue est indispensable pour la cohésion du pays, il est peu fréquent que les acteurs se réunissent sur une table pour dialoguer le bien-être des citoyens. Même lorsqu’elle est organisée certains acteurs sociaux pensent avoir la maturité de ne pas y participer. En effet pour qu’un dialogue aboutisse, le processus doit au moins être approuvé par les parties les plus influentes. Ces derniers ont recours au boycott. Plusieurs causes peuvent le justifier à savoir les pressions exercées par les partisans du groupe qui perçoivent souvent le processus comme illégitime. Le boycott peut également résulter sur les désaccords sur les règles et modalités du dialogue. Il doit incombe à toute personne qui aspire diriger ses semblables de s’ériger la responsabilité de participer au dialogue. C’est n’est pas un signe de faiblesse mais plus tôt du courage.
En outre, les réseaux sociaux qui devraient être un lieu de rencontre et de partage pour les citoyens, sont malheureusement utilisés pour perturber la cohésion. Ils y développent des messages de haine, de désinformation en vue de pousser le peuple à la révolte, à la polarisation. Sur ce, l’Etat a la responsabilité d’encadrer l’utilisation de ces moyens d’information en sanctionnant tout usage de mauvaise foi susceptible de paralyser la cohésion nationale.
Par un dialogue constructif sur les plateformes, le Sénégal peut réussir à sensibiliser ses citoyens sur la quintessence de la cohésion sociale. Car, une discussion responsable sur les réseaux sociaux à un rôle à jouer dans l’apaisement des tensions en ce sens qu’elle offre des opportunités précieuses pour rapprocher les générations en facilitant les échanges et la transmission de savoir. A cela s’ajoute le problème de l’équité sociale au Sénégal.
La nécessité de la promotion de l’équité sociale dans le dialogue
Le Sénégal, en dépit des inébranlables efforts pour réduire la pauvreté, il reste confronté à des inégalités accrues des niveaux de vie entre le rural et l’urbain qui regorge l’essentiel des infrastructures de développement du pays. Ce qui peut d’un jour à l’autre créer des frustrations populaires. Le dialogue au Sénégal doit reposer sur la solidarité, l’entraide mutuelle pour que les pauvres ne se sentent pas marginaliser.
Par ailleurs, l’Etat du Sénégal doit continuer à promouvoir le multiculturalisme démocratique égalitaire et interactif et lutter pour l’équité social tel que prescrites dans la constitution afin de renforcer cette cohésion sociale, indispensable pour la bonne marche de la démocratie. Fort heureusement, cette équité sociale constitue un axe majeur dans la vision Sénégal 2050[4], le document révérenciel des politiques publiques du nouveau gouvernement. C’est peut être un éveil de conscience de l’Etat pour favoriser la cohésion nationale. Cette cohésion est corollaire a l’équité sociale dont son absence peut engendrer la division du pays, la polarisation des couches sociales
Conclusion
Le dialogue entre des couches sociales peuvent résoudre toutes les difficultés dont le Sénégal est confronté. Mais il faut que plusieurs obstacles soient surmontés pour que le dialogue soit couronné de succès. En effet ces obstacles ne signifient pas que l’outil du dialogue ne fonctionne pas mais elles mettent en exergue l’importance de la médiation efficace et responsable pour bâtir la cohésion nationale. Lorsque qu’il est bien mené le dialogue entre acteurs sociaux constitue un mécanisme de rétablissement de la paix plus inclusif que tout autre pour un éventuel développement du pays.
[1] Stratégie de cohésion sociale révisé, conseil de l’Europe, Strasbourg, le 27 avril 2004
[2] Communique du gouvernement sur : https//www.bbc.com/afrique/articles/cd18eew01weo ? utm-source
[3] https://primature.sn/Résumé de la déclaration du politique générale du premier ministre Ousmane SONKO consulté le 29 janvier 2025
[4] Voir agenda nationale de transformation Sénégal 2050
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