AUTEUR : BANAO FAWZI DJARAZEMI YVES
Doctorant en « Mobilisation de ressources et gouvernance des pays en conflit : cas du G5 sahel ». Programme doctoral International conjoint au CENTRE D’ETUDES EN RECHERCHES ET DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL (CERDI) (Université Clermont-Auvergne) & CENTRE EMILE BERNHEIN (Université Libre de Brussels)
Le 1er février 2021, Bernard Emié directeur de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) de la République Française, lors d’une réunion du contre-terrorisme au Sahel a martelé : « Al-Qaïda au Sahel développe actuellement un projet d’expansion vers le golfe de Guinée en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin ». Cette déclaration met en exergue deux faits majeurs.
Premièrement, l’urgence d’une action rapide et efficace pour contrer le mal dans la zone sahélienne et en deuxième lieu la compréhension du facteur principal de l’expansion de la contagion du terrorisme. Ainsi, selon les renseignements de la DGSE, les pays frontaliers aux pays du G5 Sahel sont des cibles des groupes djihadistes. La Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée pourraient être affectés par des attaques de groupes radicalisés terroristes dans un futur proche si aucune action rapide et efficiente n’est entreprise en amont. Pour rappel, le 13 mars 2016, la Côte d’Ivoire a connu la première attaque terroriste de grande ampleur sur son territoire. Au regard de l’évolution des évènements, nous pouvons affirmer de l’existence d’un projet expansionniste de groupes terroristes en Afrique subsaharienne. Ainsi, il est primordial de comprendre les facteurs et les mécanismes du phénomène de contagion de la crise sécuritaire sahélienne. C’est dans ce sens que des questions existentielles sur ces facteurs peuvent être posées notamment sur l’extrémisme violent au Sahel : Comment pouvons-nous définir le concept de contagion de l’extrémisme violent ? Pour quelles raisons le milieu géographique sahélien en particulier est un facteur explicatif de la propagation du terrorisme ? Quelles sont les causes économiques de la radicalisation des populations au Sahel ?
Afin de mieux s’approprier de la problématique, nous allons dans un premier temps définir le concept de contagion de l’extrémisme violent religieux. Ceci nous permettra dans une seconde partie de mettre en exergue les facteurs géographiques et économiques de contagion de l’extrémisme violent. Enfin, nous présenterons les raisons ethniques de la propagation du fondamentalisme religieux.
LE CONCEPT DE CONTAGION DE L’EXTREMISME VIOLENT
Le concept de « contagion » naît en 1878 en Science humaines, précisément en médecine grâce aux postulats de Koch[2] . Dans le domaine médical, une maladie contagieuse peut se définir comme une pathologie causée par un micro-organisme et qui doit être présent en abondance dans tous les organismes souffrant de la maladie, toutefois absent des organismes sains. En se basant sur cette définition, nous pouvons déduire qu’un phénomène est contagieux lorsqu’il peut se transmettre d’une entité porteuse à une autre entité neutre par le biais de canaux dits de transmission. Pour Waldo Tober, la conception du phénomène contagieux se résume en la formule suivante :”Tout interagit avec tout, mais deux objets proches ont plus de chance de le faire que deux objets éloignés”. Par conséquent, la contagion de l’extrémiste violent religieux peut être définie comme une transmission d’une idéologie religieuse radicale d’une région à l’autre, d’un pays à un autre ou encore d’une personne à l’autre. De ce fait, la contagion de l’extrémisme violent se manifeste principalement par la propagation de l’idéologie djihadiste d’une personne à une autre, d’un groupe de personnes à un autre et enfin d’un pays frontalier à un autre. Au Sahel, la stratégie de contagion à l’extrémisme violent employé par des mouvements tels que Ansraloul Islam ou encore l’Etat Islamique au Grand Sahara a été de s’appuyer sur les frustrations des populations locales afin de propager l’islam radical et violent. A titre illustratif, la stratégie de diffusion de l’idéologie religieuse radicale du prêcheur Malam Dicko fondateur d’Ansraloul Islam au Burkina Faso, a été dans un premier temps de critiquer et décrédibiliser les responsables religieux qui organisent la gestion locale de la région du nord du pays. Ensuite il usa du sentiment de frustration causée entre autres par les conflits agriculteurs éleveurs dont sont victimes les bergers au nord du Burkina Faso. Le canal de contagion fut essentiellement par le biais de la radio local du Soum[3]. Concernant les canaux de contagion, selon le bulletin de la sécurité africaine, les réseaux sociaux tels que Whatsapp et Facebook sont également utilisés d’une part pour diffuser l’idéologie et d’autre part afin de créer un ressentiment d’inaction de l’Etat afin de créer des tensions contre les gouvernements sahéliens. Ainsi à l’image de Malam Dicko, les méthodes et les stratégies de contagion employées par les groupes religieux terroristes sont opportunistes et à caractère expansionniste.
A l’instar des groupes terroristes islamiques, AQMI groupe djihadiste organisé et actif dans la zone Sahélienne, a pour ambition de procéder à une diffusion de l’idéologie djihadiste. Ainsi, plusieurs facteurs expliquent l’atteinte de ce but, c’est à dire l’expansion de l’idéologie religieuse violente. De ce fait, plusieurs canaux sont utilisés comme instruments de propagation de l’extrémisme violent : en premier lieu nous pouvons distinguer les caractéristiques
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