IPSA AFRIQUE

Les élections législatives au Sénégal : enjeux de consolidation démocratique et de la stabilité

Tribune du 25/07/2022

Par Aliou Ly

Après les élections locales de janvier 2022, les sénégalais sont appelés aux urnes pour les élections législatives du 31 juillet 2022. Le conseil constitutionnel a retenu huit (08) listes de coalitions, il s’agit de la coalition Bokk Gis Gis/Liggey, la coalition Naataange askan wi, la coalition alternative pour une assemblée de rupture, la coalition Benno Bokk Yakaar, la coalition Buntu Bi, la coalition les Serviteurs, la grande coalition Wallu Sénégal, et la coalition Yewwi askan wi. Force est de constater que la coalition Benno Bokk Yakaar du Président Macky Sall, dirigée par Aminata Touré, et la coalition Yewwi askan wi dirigée par Ousmane Sonko sont les principales favorites de ces élections.

Il est à retenir que le conseil constitutionnel a annulé la partie des suppléants de la liste BBY et la partie des titulaires de la liste Yewwi. Cette annulation a fait l’objet de débats juridique et politique dans le pays. C’est surtout du côté de la Coalition Yewwi qui a vu ses titulaires rejetés et remplacés par ses suppléants que cette contestation est plus vive. Après cette décision Ousmane Sonko, Barthelémi Diaz et Khalifa Sall ont appelé à des manifestations pour contester cette décision qu’ils considèrent injuste. A cet instant la menace sur la tenue des élections était réelle et le climat social était devenu tendu. Après une première manifestation autorisée, la coalition Yewwi s’est vue opposer à un refus pour une deuxième manifestation qui causera trois morts. Face à ce refus Ousmane Sonko appelle ses partisans à un concert de casseroles pour exprimer leurs mécontentements. Il est à noter que le Président Macky Sall avait promis que les élections auront lieu à date échue et que ce qui s’est passé en mars 2021 ne se reproduira plus. Après une pré-campagne tendue, la coalition Yewwi annule ses manifestations et accepte d’aller aux élections.

Les sénégalais doivent choisir ses députés le 31 juillet 2022. En effet les enjeux sont nombreux à la fois pour les sénégalais mais aussi pour la coalition Benno Bokk Yakaar et pour l’opposition. Pour Benno Bokk Yakaar, une majorité à l’Assemblée nationale signifie l’adhésion par la population à leur projet et aussi un boulevard pour le Président Macky Sall d’obtenir un troisième mandat en 2024. Quant à l’opposition ces élections permettront de parer la route à un éventuel troisième mandat. Pour cela, l’opposition devra faire un score remarquable pour clore le débat.

Depuis les événements de mars 2021, le Sénégal est entré dans une nouvelle ère à la fois politique et sécuritaire. En effet avec le climat sécuritaire dans le Sahel, on ne peut se permettre de créer des situations qui attisent la haine et la division à l’intérieur du pays. On a tous le droit de faire de la politique mais tout en respectant les règles du jeu. Le Sénégal est un Etat démocratique, et la consolidation de cette démocratie ne peut se faire qu’avec une stabilité sociale à l’intérieur du pays. Aujourd’hui, une partie du Mali est contrôlée par des groupes armés et des terroristes qui ont profité de la faiblesse de l’Etat central pour s’implanter dans le Sahel. L’enjeu est tellement grand qu’on ne peut se laisser distraire par des futilités. Une évaluation des partis politiques au Sénégal s’impose parce que les leaders des partis politiques doivent avoir connaissance des enjeux du pays, de la sous-région et du monde car tout est lié.

Il existe au Sénégal des partis politiques de circonstance, on entend par partis de circonstance des partis créés dans le seul but de s’opposer ou de soutenir une personne afin d’atteindre des ambitions non connues. Or, un vrai parti politique doit être créé parce qu’il a une vision à vendre, des idées à partager et un idéal à atteindre. L’objectif d’un parti politique c’est d’aider son peuple à atteindre son développement humain, économique et social. Avec la découverte des ressources pétrolières et gazières, le Sénégal entre dans une nouvelle dimension de pays producteur du pétrole et du gaz. Ces ressources naturelles attirent les plus grandes multinationales du secteur. La production des barils de pétrole est attendue en 2023 et va générer des recettes allant de 700 milliards à 900 milliards de francs CFA en 2025. Notre économie va connaitre une évolution notable et on pourra s’en servir pour régler le problème de l’emploi des jeunes, l’autosuffisance alimentaire, l’électrification du monde rural et de l’accès à l’eau potable dans les zones les plus reculées. L’Etat doit tout faire pour la répartition équitable des bénéfices des ressources naturelles au sein des régions. Si on applique le partage équitable de la gestion des ressources naturelles on assure notre stabilité sociale. On ne peut parler de stabilité sans la justice.

La justice ! parlons-en. Il y a trois pouvoirs au Sénégal : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. En principe tous ces pouvoirs sont indépendants. L’indépendance de la justice est un débat permanent au Sénégal et les magistrats sont souvent pointés du doigt par rapport aux décisions qu’ils rendent. L’impartialité est une qualité fondamentale de la justice. Un juge est tenu de dire le droit dans toutes les circonstances sans distinction d’appartenance ethnique, politique et religieuse. Le Président de la République nomme les magistrats du conseil constitutionnel et de la cour suprême, une prérogative que lui octroie la constitution. En réalité le véritable pouvoir se trouve entre les mains du Président de la République qui nomme le ministre de la justice, les magistrats du conseil constitutionnel et de la cour suprême. La consolidation de notre démocratie passe fondamentalement par une stabilité sociale, économique et juridique.

 

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