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L’impact de la géopolitique libyenne sur l’Afrique de l’ouest

L’impact de la géopolitique libyenne sur l’Afrique de l’ouest

Origine :

Le 14 janvier 2011, le Président tunisien Ben Ali tombait. Le 11 février, le Raïs égyptien Hosni Moubarak perdait le pouvoir. Le 1er juillet, le Maroc changeait de constitution et le 20 octobre, le guide de la révolution libyenne Mouammar Khadafi mourait à l’issue d’une guerre civile soutenue par une coalition internationale sous mandat des Nations Unies et conduite par la France dans le cadre de l’opération Harmattan. La Libye de Khadafi finançait un quart du budget de fonctionnement de l’Union Africaine. Au Sahel, elle est, au Mali, au Niger, au Tchad et au Burkina Faso, le deuxième investisseur, le deuxième client et le deuxième dispensateur d’aide derrière la France. De la même manière, depuis les accords d’Alger, Khadafi était devenu le principal soutien des mouvements touareg qui trouvaient en Libye leur terrain de repli et d’hébergement politique.
Grand comme l’Inde, de la Mauritanie à la frontière du Soudan et de l’Algérie au Nord du Nigeria, le Sahel se présente comme un vaste espace désertique aux États géographiquement immenses mais sous-peuplés
La Mauritanie, le Niger, le Tchad comptent parmi les dix pays les plus pauvres en termes d’indicateur de développement humain alors qu’ils détiennent des richesses convoitées (or au Mali, uranium du Niger, pétrole de Mauritanie et du Sud du Tchad). Le Sahel se caractérise par des États affaiblis héritiers de frontières coloniales artificielles et d’oppositions ethniques qui, depuis les années « 90 »,  en font une terre de conflits chroniques.
La fragilité sociale y est aggravée par l’insécurité alimentaire et les trafics. Ainsi, les cartels sud-américains de la drogue (cocaïne) ont investi le Sahara pour en faire une plaque tournante de leurs réseaux à destination de l’Europe.

Situation actuelle au Mali, Niger, Burkina Faso 

La guerre en Libye a eu un impact négatif sur l’ensemble de la sous-région ouest africaine. En effet de nombreux terroristes ont traversé la frontière libyenne pour s’installer au Mali. L’influence s’est fait sans attendre au Niger, au Mauritanie et au Burkina Faso. Tous ces pays de l’Afrique de l’Ouest sont confrontés aux groupes criminels et terroristes qui œuvrent sur leurs territoires.

Au Mali

Le Mali est le pays le plus impacté de la crise Libyenne, depuis la chute de khadafi , l’Etat malien a connu deux coups d’Etat qui sont les conséquences directes ou indirects de la situation en Libye.

L’occupation du Nord Mali en 2012, suite à l’effondrement du régime de Kadhafi, par le Mouvement de Libération de l’Azawad (MNLA) et des groupes terroristes comme AQMI, le MUJAO et Ansar Dine va constituer un tournant décisif dans l’expansion du djihadisme au Sahel. On va ainsi assister à une extension du champ d’intervention de ces groupes terroristes à l’intérieur du Mali et dans les pays limitrophes comme le Niger, le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire. Ces pays comme tous les pays sahéliens font désormais face à des menaces asymétriques. La menace terroriste devient une menace régionale.

Parallèlement à ce contexte d’extrême violence se développent des réseaux transfrontaliers de contrebande et de trafics illicites qui traversent les zones contrôlées par les groupes terroristes. Ils opèrent depuis les ports de la côte Atlantique comme Lagos, Cotonou ou Nouadhibou vers les rives Sud de la Méditerranée. Le chaos sécuritaire en Libye contribue largement au développement de ces activités illicites.

Aujourd’hui  le Mali a un gouvernement de transition suite au coup d’Etat militaire contre Ibrahim B. kEITA. Le Mali, un pays instable sur le plan politique, sécuritaire et économique. Les enlèvements sont fréquents  dans le centre et le nord du Mali accompagnés de violence entre terroristes et coalition soutenant l’intégrité territoriale malienne. Des soldats américains, français, maliens ont connu des pertes lors des combats contre les djihadistes. Il faut noter également que la CEDEAO a pris des mesures de sanctions économiques suite à l’éviction d’Ibrahim B. KEITA au pouvoir.

Au Niger

Ces dernières années, le Niger a été victime de nombreux actes terroristes, notamment à l’encontre de ses soldats et des soldats français et Américains. Le Niger souffre d’une réputation sulfureuse, celle d’un Etat gangrené par des groupes islamistes, les attentats perpétrés ont fait des centaines de victimes. Depuis 2013, l’armée française mène un combat de longue haleine contre le terrorisme dans la région. D’abord cantonnée au Mali avec l’opération Serval, elle intervient sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne, couvrant cinq pays, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad, dans le cadre de Barkhane.

En dépit des 5 100 hommes de l’opération française Barkhane, malgré la poussive force G5 Sahel, plombée par des questions de trésorerie et le manque d’aguerrissement de ses forces de défense, les forces djihadistes, prennent l’ascendant sur le terrain. La tuerie des six humanitaires français et de leurs deux compagnons nigériens le 9 août dernier dans le parc de Kouré au Niger et le rapt et l’assassinat de l’imam de Djibo Souaïbou Cissé le 15 août dernier au Burkina témoignent le niveau de l’insécurité dans cette zone.

Au Burkina

Longtemps épargnée, la capitale Ouagadougou a été le théâtre de plusieurs sanglantes attaques djihadistes en janvier 2016, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), et aout 2017. L’Est et Nord du Burkina Faso sont les régions les plus touchées par les exactions djihadistes qui ont fait plus de 1100 morts et plus d’un million de déplacés depuis cinq ans. Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences djihadistes, malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5100 hommes dans le cadre de l’opération antidjihadiste Barkhane.

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